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Dénoncer les coupables, vite !

Dénoncer les coupables, vite !

En janvier, il fallait être Charlie. En novembre, il fallait être fier de la France. En décembre, il faut avoir voté.


Comme après chaque élection, il faut trouver les coupables de la montée (ou des victoires) du FN – et au-delà des extrêmes droites. Surtout, il faut les désigner publiquement. Comme à chaque fois les personnes qui ne sont pas directement concernées par les discriminations, les rejets, les brimades, les bastons, les dénonciations, vont se dire que c’est vraiment horrible cette montée du FN, elles vont mettre des images contre le FN ou des statuts du type « ce soir la démocratie est en deuil », ou bien encore « t’as pas voté, t’as plus qu’à fermer ta gueule » sur leur profil des réseaux sociaux. Elles vont dire que ça devient irrespirable, que ça ne peut pas durer, qu’il faut faire quelque chose. Elles se lèveront et puis… se rassiéront.
Et puis les coupables seront enfin collectivement désignés par le personnel politique (et repris en cœur par les médias et les votants) : les abstentionnistes. Bah oui, c’est pourtant évident, si le pourcentage FN est si élevé c’est à cause de celles et ceux qui ne sont pas allé voter, ces fainéant-es ! Bah oui, c’est pas les partis politiques qui reprennent et crédibilise son programme, c’est pas les médias qui stigmatisent encore et toujours les mêmes, c’est pas les gouvernants qui font n’importe quoi, c’est pas le racisme et la xénophobie d’État, c’est pas la haine propagée au quotidien qui fait que tous les jours la vie est plus difficile pour les personnes qui subissent les oppressions systémiques (prolétaires, racisé-es, LGBTQI, etc.) , c’est pas, c’est pas…
Mais désigner les abstentionnistes, quelques soient leurs raisons c’est plus facile, c’est plus simple, ça demande beaucoup moins de remise en question, personnelle, collective, sociétale, systémique. Et puis c’est tellement efficace : on voit bien que culpabiliser les abstentionnistes à intervalles réguliers les fait aller aux urnes…

Fiche-criminels

 

Communiste libertaire, je ne vote pas. C’est devenu un principe. Ça ne l’a pas toujours été mais c’est devenu une évidence : je ne veux pas participer à ce cirque, je ne suis prêt à voter pour personne à l’élection de Miss et Mister Politique, et ne participerai encore moins à une mascarade qui permettra à l’extrême-droite affichée (à la différence de la droite et la gôche proto fasciste) d’arriver au pouvoir et d’être légitime. Car c’est aussi ça voter : cautionner ce système et autoriser les personnes « désignées » (« élues » si vous préférez) à se sentir légitimes à gouverner et donc à décider pour nous ce qui est censé être bon pour nous sans nous demander quoique ce soit. Malgré cela, je ne vous en veux pas. Je comprends cette logique qui est la vôtre (et qui a été la mienne pendant un temps). Avant chaque élection, je me pose cette même question : y aller ou pas. Et même si c’est toujours la même réponse qui vient, je ne considère pas les personnes qui font un autre choix comme coupables. Et vous seriez bien avisé-es de faire pareil.
Les coupables et responsables sont en haut, pas en bas. Alors, plutôt que de désigner nos homologues comme coupables, bougez vous, militez : rendons coup pour coup, faisons de l’éducation populaire politique, de l’auto-défense intellectuelle, déconstruisons les lignes d’oppressions structurelles et intersectionnelles (dont le capitalisme fait partie) dont nous sommes toutes et tous porteurs.

Un monde sans le FN ne se définit pas dans les urnes, les barrages à l’extrême droite ne se construisent pas avec des bulletins de votes. Ce système produit le fascisme, qu’il s’appelle FN ou Daesh. Soyons les changements nécessaires à cet autre monde nécessaire : solidaire, anticapitaliste, internationaliste, féministe inclusif, antiraciste, etc. Bref, la lutte contre les oppressions, quelles qu’elles soient, ne se délègue pas, elle se vit, elle aussi, tous les jours.

 

-Donut

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